S-36


Le S-36 de 1927 fut le deuxième hydravion développé par Sikorsky et le tout premier amphibie bimoteur américain.

Conçu pour satisfaire aux besoins de la Pan American Airways qui cherchait à ouvrir dès 1926 de nouvelles lignes vers les îles Caraïbes, il s'agissait d'un bimoteur d'assez grande taille élaboré sur la base du S-34, qui réactualisait le concept d'hydravion à coque courte développé en 1919 par l'U.S. Navy et Curtiss pour les vols transatlantiques avec la série des NC.

Bien qu'il manquât encore un peu de raffinement, le S-36 était un bon appareil qui allait servir de point de départ à Sikorsky pour développer la fameuse série des amphibies S-38 Amphibion.









Il était mû par deux moteurs radiaux Wright J5 "Whirlwind" (R-790) de 200 cv chacun, fixés en mode tractif sous l'aile supérieure, et munis d'énormes carénages qui se prolongeaient en arrière de celle-ci, tout comme sur le S-35 d'André Fonck.

Le fuselage, de section rectangulaire, était encore de forme assez rudimentaire. Des fenêtres rectangulaires de part et d'autre du fuselage permettaient une bonne visibilité. Le S-36 était un sesquiplan, c'est-à-dire un biplan dont les ailes inférieures étaient plus courtes que la voilure supérieure; l'aile principale, qui contenait les réservoirs de carburant et d'huile, était de forme rectangulaire à bouts arrondis, et placée loin au-dessus du fuselage; les ailes inférieures, de très petite taille, servaient surtout à fixer les flotteurs d'appoint.









La particularité de l'appareil résidait surtout dans sa queue: Deux dérives se prolongeaient en miroir en-dessous de l'empennage rectangulaire, le tout étant situé à hauteur de l'aile supérieure et fixé dans le prolongement de celle-ci par de longues poutres, elles-mêmes fixées par d'autres haubans à l'arrière du fuselage pour assurer la rigidité de cette configuration peu orthodoxe.

Toute la voilure était faite d'une structure métallique entoilée. Enfin, l'appareil, qui pouvait indifféremment opérer depuis le sol ou depuis un plan d'eau, était muni d'un train d'attérissage rétractable dont chaque roue pouvait être remontée séparément (utile pour réduire la traînée dans une mer battue par les vents) et pouvant aussi se démonter facilement.

Cinq S-36 furent construits: L'un deux entra en service en décembre 1927 à la Pan Am, où il ne servit que trois mois, durant lesquels ses qualités furent reconnues, mais on lui reprochait d'être sous-motorisé. Un sixième exemplaire fut livré à l'U.S. Navy et désigné XPS-1.









S-36 (version finale)



Dans sa dernière configuration, le S-36 était plus proche du futur S-38. La Pan Am lui reprochant surtout d'être sous-motorisé, il possédait désormais deux moteurs Pratt & Whitney "Wasp" au lieu des Wright "Whirlwind". La coque et les flotteurs avaient été quelque peu affinés et la forme du cockpit était simplifiée. Les dérives étaient toutefois encore de forme rectangulaire. Le N3699, fut loué à la Pan Am (curieusement appelée ici "Pan America") pour quelque temps, et on prétend qu'il aurait été démantelé une fois le prototype du S-38 terminé. Notez les étranges mâts au-dessus des moteurs.









Navy XPS-1


La plupart des documents décrivent cet appareil comme un sixième S-36. Certains en font un 'S-38' tout court, mais les photos montrent clairement que le XPS-1 était en tous points identique à un S-36. D'autre part, la désignation 'S-38' était celle du prototype de l'Amphibion, très différent.


L'U.S. Navy, intéressée elle-aussi par le S-36, en commanda un exemplaire à Sikorsky au début de 1928 à des fins d'évaluation. Il fut livré en juin 1928 et entra en service comme appareil de patrouille expérimental sous la désignation XPS-1 (Bu.Aer. A-8005). Cette version possédait en plus un poste de canonnier à l'avant, qui fut ensuite supprimé. Le XPS-1 fut vite relégué à des tâches utilitaires. On voit bien ici le manque de finesse de la coque, aux lignes droites.